EMOUVANTE CARTE POSTALE
Emouvante carte postale, évoquant les nombreuses victimes de l'attaque d'Ovillers le 17 décembre 1914, envoyée par un soldat du 19e régiment d'infanterie à sa fiancée.
Le 15 janvier 1915
Ma chère petite Marie
Je viens de recevoir ta carte. Je suis heureux de savoir que tu es toujours en bonne santé et moi je suis de même, Dieu merci. Alors, tu as su que le 19e a été complétement détruit. Je t’assure qu’on avait fait du propre. Nous sommes partis à 4 heures du matin avec 2500 hommes pour faire une attaque et à 6 heures et demie nous étions que 1200 hommes et alors tu n’as qu’à voir combien qui ont laissé leur peau. Je t’assure qu’on aura beaucoup de mal à retourner.
Ton ami qui t’aime et qui pense toujours à toi.
CENTENAIRE DES COMBATS D'OVILLERS LA BOISSELLE
Le 17 décembre 1914, le 19e régiment d'infanterie partait à l'assaut du village d'Ovillers. Combat ou le régiment a 302 soldats tués et plus de 800 blessés ou fait prisonniers.
Dans le cadre du centenaire de cette offensive, une commémoration a eu lieu à Ovillers La Boisselle le samedi 13 décembre 2014. Cent ans après, une délégation bretonne venue de Landerneau, mais aussi des allemands de Hünfeld se sont retrouvés pour rendre un hommage à toutes les victimes de cette tragique journée du 17 décembre 1914.
Après la messe dite en allemand, français et breton dans l'église d'Ovillers, le cortège, accompagné du bagad de Landerneau, des musiciens allemands de Hünfeld et du Samarobriva Pipe Band d'Amiens, s'en rendu au carré breton dans le cimetière britannique d'Ovillers La Boisselle.
Le Samarobriva Pipe Band
Le Bagad Bro Landerne de Landerneau
Dépôt de gerbes au carré breton
La cérémonie s'est poursuivie au calvaire breton d'Ovillers avec les discours des officiels et les dépôts de gerbes de fleurs. Un hommage est rendu au lieutenant Augustin de Boisanger du 19e RI avec l'évocation de l'histoire du calvaire érigé par sa famille.
Les enfants d'Ovillers La Boisselle déposent une gerbe au pied du calvaire breton
Puis retraite aux flambeaux jusqu'à La Boisselle ou un moment de recueillement a lieu devant le monument aux morts.
La cérémonie se termine par la lecture de textes et chants à l'Ilot, site resté en l'état depuis la fin de la 1ère guerre mondiale comportant d'importants vestiges de la terrible guerre des mines qui y a sévit et ou beaucoup d'hommes du 19e régiment d'infanterie ont perdu la vie au cours de l'hiver 1914-1915.
Chants et lectures à l'Ilot
Une petite vidéo réalisée par le journal "Le courrier picard". Cliquer sur la flèche pour la visionner.
99 ANS APRES...
99 ans après, une grande pensée pour toutes les victimes du combat meurtrier d'Ovillers La Boisselle le 17 décembre 1914.
PREMIER CONCERT DE LA MUSIQUE DU 19e R.I.
Après huit mois de silence, la musique du 19e régiment d'infanterie sous la baguette du chef de musique Esvan donne son premier concert de la guerre à Lavièville le 3 avril 1915 lors d'une période de repos du régiment.
Il y sera joué :
- Le ménestrel
- Titus
- Chante Manon
- Le petit duc
- Air belge
- Air anglais
- La Marseillaise
Pour cette occasion, Emile Madec et Maurice Marchand illustrent le programme qui sera distribué aux soldats du 19e RI. Ils y dessinent un soldat faisant le guet au créneau ainsi que le clocher de la basilique d'Albert avec sa célèbre vierge penchée.
La petite nièce d'Emile Madec, Soizick, que je remercie, m'a fait parvenir une copie de ce programme de musique du 3 avril 1915 signé de la main d'Emile Madec.
Ce concert remporta un vif succès et sera suivi de nombreux autres dont les programmes furent aussi illustrés par Emile Madec et Maurice Marchand.
L'ALBUM PHOTO DE JACQUES PILVEN
Marie Claude, que je remercie, m'a fait parvenir les photographies prises par son grand oncle Jacques Pilven. Sous Lieutenant au 62e régiment d'infanterie, il sera tué au combat le 25 septembre 1915 à Tahure lors de l'offensive de Champagne.
Ces photos, prises dans le secteur d'Ovillers La Boisselle entre mai et juillet 1915, sont très intéressantes car elles montrent les lieux occupés par le 19e régiment d'infanterie de janvier à juillet 1915.
Pour voir toutes les photos de l'album de Jacques Pilven cliquez ici => Album photos de Jacques Pilven
Grand merci à Marie Claude pour le partage de ces photos.
RECHERCHES ARCHEOLOGIQUES A LA BOISSELLE (2)
Une nouvelle session de recherches archéologiques a eu lieu en mai dernier à La Boisselle. Elle a permit de mettre à jour une partie des ruines de la ferme qui se trouvait au sud du village. Appelée "L'ilot" par les français, "Granathof" par les allemands, elle fut le théâtre d'âpres combats pour les soldats des 19e et 118e RI.
C'est au cours de ces recherches que fut retrouvé les corps de deux soldats français dont l'un n'a pas pu être identifié. Le second, identifié grâce à sa plaque d'identité est François Marie Bideau, soldat au 118e régiment d'infanterie, tué le 27 décembre 1914 au cours d'un combat à l'ilot de La Boisselle.
François Marie Bideau et son camarade ont été inhumés dans la nécropole militaire d'Albert le 28 aout 2012 en présence de la famille de François Marie Bideau.
Pour plus d'informations, n'hésitez pas à consulter le site => http://www.laboisselleproject.com/fr/ et la page concernant François Marie Bideau ici => http://www.laboisselleproject.com/fr/tag/francois-marie-bideau/
700 MARKS POUR UNE MITRAILLEUSE FRANCAISE
Un article paru dans le journal Le Temps du 31 janvier 1915 raconte que, pour fêter l'anniversaire de la fondation de l'empire germanique, l'empereur Guillaume II a demandé la prise de La Boisselle. Pour motiver ses troupes, il promet une récompense de 700 marks à qui rapporterait une mitrailleuse française.
- Que s'est réellement passé à La Boisselle ?
Le 18 janvier 1915, le 65e régiment d'infanterie occupe le secteur de La Boisselle, la 7e compagnie dans l'ilot, la 8e au cimetière et la 6e dans la tranchée aux arbres située un peu en arrière du cimetière. Le 2e bataillon du 65e est dans les tranchées de soutien et le reste du régiment en réserve à Albert.
Un peu après minuit, les allemands s'élancent sur l'ilot et le cimetière en silence, pas un coup de fusil ni de canon.
Pris par surprise et devant la violence de l'assaut ennemi, les 7e et 8e compagnies du 65e régiment d'infanterie se replient sur la tranchée aux arbres. L'artillerie est alertée et commence aussitôt un bombardement du village de La Boisselle.
Vers 0 heures 45, le dépôt de cheddite, destiné aux travaux de mine, qui se trouvait dans une cave de l'ilot explose.
Le général commandant le 11e Corps d'Armée ordonne de reprendre le terrain perdu. Le 19e régiment d'infanterie est alerté et se porte à Albert prêt à intervenir si besoin. Le 118e régiment d'infanterie est à Bouzincourt.
A 6 heures 55, la contre-attaque lancée par le 65e régiment d'infanterie est un succès, tous les emplacements occupés au début de la nuit précédente sont repris.
Dans sa correspondance, le commandant Viotte chef du 2e bataillon du 19e régiment d'infanterie note à la date du 18 janvier 1915 :
" Ce matin à quatre heures un ordre imprévu nous portait à la sortie Est d’Albert. Là, je m’y mettais en liaison avec le commandant du 65e et j’attendais près de lui jusqu’à 10 heures 45 un nouvel ordre, celui de rentrer à Millencourt. Dans la nuit le 65e avait relevé le 118e et le 19e et par un hasard extraordinaire les allemands avaient fait un coup de main sur la partie de La Boisselle que nous possédons. Coup de main heureux puisque des deux compagnies qui la tenaient, il ne restait plus qu’une soixantaine d’hommes, le reste, pincé.
Vous voyez la tête du haut commandement ; à vouloir s’avancer toujours et sans nécessité ont finit par perdre de vue les plus nécessaires principes de sureté. Il n’y avait aucun fil de fer en avant. Les boches ont écopé ferme naturellement dès que notre artillerie se fut mise de la partie. A 10 heures 45, au moment où je repartais tout était repris par le 65e qui sera évidement plus prudent cette nuit.
PS : On avait promis 700 marks aux allemands par mitrailleuse prise ! Ils se sont tapés. Rien. "
RECHERCHES ARCHEOLOGIQUES A LA BOISSELLE
En parallèle de la cérémonie d'inauguration après restauration du calvaire breton dédié aux soldats du 19e régiment d'infanterie mort pour la France le 17 décembre 1914, se déroulait une opération "portes ouvertes" sur le site ou des recherches archéologiques sur la première guerre mondiale sont effectuées à Ovillers La Boisselle.
Menées par un groupe d'historiens britanniques, ces recherches ont pour but de mener une étude détaillée d'un champ de bataille de la 1ère guerre mondiale, l'étude et la cartographie du réseau de galeries, sapes et puits souterrains, vestiges de la guerre des mines et la préservation d'un lieu unique de la première guerre mondiale resté quasiment en l'état depuis la fin du conflit grâce à la volonté des propriétaires.
En 1915, ce terrain faisait partie du secteur de la 44e brigade d'infanterie. Le 19e et le 118e R.I s'y sont relayés pour garder cette ligne de front jusqu'à fin juillet 1915, date à laquelle ils ont été relevés par l'armée britannique. Hiver terrible pour les soldats bretons ! Sous les bombardements et fusillades incessants, dans le froid, ils se transforment en terrassiers et creusent tout un réseau de tranchées et boyaux qui porteront les noms de soldats tués dans ce terrain. De plus, une guerre des mines est poussée activement sur ce petit morceau du front. De nombreuses galeries souterraines sont creusées dans le sous sol en direction des lignes ennemies afin d'y placer des explosifs pour faire sauter la tranchée adverse. Les allemands font de même. Les soldats vivent dans l'angoisse permanente d'être enseveli vivant par une explosion de mine. Ces travaux de fortification du terrain et de guerre des mines seront poursuivis par les soldats britanniques.
A l'occasion de ces portes ouvertes, les historiens britanniques avait matérialisés les tranchées avec des petits drapeaux (jaune pour les franco-britanniques, rouge pour les allemandes). Par endroit, celles-ci ne sont distantes que de 35 mètres. Les noms des tranchées ainsi matérialisées était inscrit sur un panneau de bois, en haut le nom français, en dessous le nom que les britanniques ont donné à cette tranchée quand ils ont repris le secteur.
Jean Dohollou était sous lieutenant au 19e régiment d'infanterie. Il est mort des suites de ses blessures à l'ambulance 3/11 installée à Dernancourt le 5 mars 1915. Son nom a été donné à la tranchée ou il a été mortellement blessé. La tranchée Dohollou était la tranchée de 1ere ligne. Elle n'a pas été renommée par les britanniques.
Pierre Marie Jouanny était sergent au 19e régiment d'infanterie. Il a été tué au combat le 28 février 1915 à La Boisselle, probablement non loin de la tranchée qui a pris son nom. Les soldats britanniques ont renommé cette tranchée "Tummel Street".
A noter une petite erreur dans l'orthographe du nom.
Frédéric Hyacinthe Quémar était sous lieutenant au 19e régiment d'infanterie. Il a été tué au combat le 7 février 1915 à La Boisselle lors d'une attaque pour occuper les lévres de l'entonnoir produit par l'explosion de mines allemandes. Il a donné son nom à la tranchée qui se trouvait juste devant cet entonnoir. Elle été renommée "Fairmaid Street" par les soldats britanniques.
Des entonnoirs de mines ont été dégagées, ici celui du 7 février 1915.
Les chercheurs sont parvenus a localiser l'Ilot, théâtre d'âpres combats pour le 19e régiment d'infanterie.
Au cours de cette session de fouilles, les historiens et archéologues découvert et remis à jour deux entrées de galeries souterraines, une française et une britannique.
Entrée de la galerie française. On y voit les restes du boisage fait en 1915.
La prochaine session de recherches sur ce terrain à Ovillers La Boisselle aura lieu au printemps 2012.
Pour en savoir plus sur ces recherches archéologiques et suivre l'avancée des travaux, n'hésitez pas à consulter le site des historiens britanniques ici => http://www.laboisselleproject.com/fr/
INAUGURATION DU CALVAIRE BRETON DU 19e REGIMENT D'INFANTERIE
Samedi 8 octobre 2011 a eu lieu l'inauguration, après travaux de restauration, du calvaire breton d'Ovillers La Boisselle.
Erigé en 1924, sur l'initiative de la famille De Boisanger et de l'Office Central des œuvres mutuelles et des syndicats agricole du Finistère, le calvaire est l'oeuvre du marbrier Donnart de Landerneau.
Réalisé en pierre de Kersanton, il est dédié à la mémoire du lieutenant Augustin De Boisanger, de l'adjudant André Pitel, du capitaine Henri Raillard et des braves du 19e régiment d'infanterie tombés le 17 décembre 1914 lors de l'attaque d'Ovillers.
Les quatre faces du socle du calvaire
Le calvaire
Fidèle gardien de la mémoire des soldats bretons du 19e régiment d'infanterie tombés le 17 décembre 1914 sur la terre picarde, le calvaire, qui avait subi les ravages du temps, a fait l'objet d'une complète restauration cet été. Il a été inauguré le samedi 8 octobre 2011 au cours d'une émouvante cérémonie.
Une importante délégation bretonne était présente parmi laquelle des familles de soldats du 19e régiment d'infanterie mort pour la France le 17 décembre 1914 à Ovillers La Boisselle.
Quelques photos de cette cérémonie
Le départ du cortège. Le Samarobriva Pipes and Drums ouvre la marche suivi par les poilus de l'association "14-18 en Somme".
En route vers le calvaire breton
Les portes drapeaux se mettent en place
Le ruban est coupé par madame Wattraint maire d'Ovillers La Boisselle, monsieur Patrick Leclerc maire de Landerneau, monsieur Bassaguet sous-prefet de Peronne.
Inauguration du panneau explicatif
Le panneau
Discours officiels
Les enfants déposent des petits bouquets
UNE JOURNEE PARMI TANT D'AUTRES
Afin de mieux connaître le quotidien des soldats du 19e RI lorsqu'ils étaient en première ligne devant La Boisselle, voici un rapport du colonel Marc Albert.
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19ème régiment d'infanterie 18 février 1915
Compte rendu des évènements et des travaux effectués pour la journée du 17 et la nuit du 17 au 18 février 1915.
Bombardement assez intense du secteur surtout par du 77 fusant.
Depuis deux jours, l'intensité du feu de l'artillerie allemande a beaucoup augmenté. Tout travail de jour est impossible étant donné que toute levée de terre attire aussitôt le tir de l'artillerie ennemie et le travail de nuit est retardé.
Les tranchées de première ligne ont été bouleversées en plusieurs points notamment dans les tranchées C, F et la tranchée du cimetière. En F une section de mitrailleuses à même été bouleversée sans perte d'hommes ni dégât matériel.
Pertes du régiment: 2 tués (1) et 6 blessés.
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Travaux effectués
Construction de traverses dans la tranchée C que l'on a commencé a couvrir de rondins et de claies pour protéger contre le tir d'enfilade venant du bois en V.
Construction de 10 mètres de boyau conduisant de la tranchée G à l'îlot.
Mise en place de 10 créneaux dans la tranchée Sud de l'entonnoir ainsi que dans les tranchées C et F.
Pose de réseaux de fil de fer brun devant les tranchées E, F et G.
Réfection des tranchées A et B dans les parties démolies par les obus et les bombes et éboulées par la pluie.
Nettoyage des boyaux 23 et 25 sur une longueur de 150 mètres.
Le colonel commandant le 19e RI
Marc Albert
Plan des tranchées dans le secteur de La Boisselle à la date du 18 février 1915
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(1) Après quelques recherches sur le site "Mémoire des Hommes" j'ai retrouvé deux soldats du 19e RI tués le 17 février 1915:
Jean Guillaume Gourvez et Pierre Jestin.