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Le 19eme régiment d'infanterie 1914/1918
Le 19eme régiment d'infanterie 1914/1918
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19 mars 2016

EN ROUTE POUR VERDUN

Les 24 et 25 février 1916, le 19e régiment d'infanterie est relevé du front de Tahure en Champagne. Rassemblé à Croix en Champagne, il se rend à Saint Jean sur Moivre, Omey et Pogny le 26 puis à Breuvery sur Coole et Saint Quentin sur Coole ou il reste jusqu'au 9 mars. Ce même jour, après 30 kilomètres parcourrus à pieds, il s'installe à Poix, Moivre et le Fresne.
Le 23 mars, la 22e division d'infanterie (62e, 116e, 19e et 118e RI), détachée temporairement du 11e Corps d'Armée, est mise à la disposition de la IIe Armée. Le 19e régiment d'infanterie se rend alors à Somme-Yevres. Le 25, il est acheminé en camion à Villote de Louppy et Louppy le Château.
Le 27 mars, la 22e division d'infanterie est mise à la disposition du général Guillaumat pour remplacer à Verdun la 42e division d'infanterie. Pour ce faire, le 19e R.I est envoyé, dans un premier temps, à Vaubécourt et Evres puis emmené en camion à Baleycourt d'ou il gagne Verdun à pieds et s'installe dans la caserne Miribel dans la soirée du 30. Aussitôt, quelques officiers partent reconnaitre le futur secteur que le régiment doit tenir.

Bois Nawé

Des le lendemain soir, les 1er et 3e bataillons du 19e régiment d'infanterie partent pour relever le 94e régiment d'infanterie tandis que le 2e bataillon reste en réserve à Verdun. Cette relève particulièrement pénible a lieu sous l'incessant bombardement ennemi. Lors de la traversée du bois de Nawé, les troupes s'égarent dans les boyaux à peine creusés. Tant bien que mal, elles arrivent sur zone et découvrent leur nouvelle position qui est très proches des premières lignes ennemies. Constituée d'ébauches de tranchées non reliées entre elles, les hommes s'y abritent comme ils peuvent. Beaucoup d'entre eux sont obligés de se terrer dans des trous d'obus.
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Jaisson Robert 1Dans une lettre écrite à ses parents Robert JAISSON, soldat à la 1ere compagnie du 19e RI, décrit l'enfer de ce nouveau secteur :

Sous les obus le

Dimanche 2 avril 1916

Mes chers Parents,

Priez, priez beaucoup pour celui qui est en train de recevoir le baptême du feu. Oh oui priez bien pour moi. Si vous saviez combien de fois j’ai manqué de mourir depuis à peine 36 heures que nous sommes là.
Priez nous sommes à V…… à la gauche du fort de D… occupé par les Boches. Il n’y a pas de tranchées quelques trous seulement par ci par là. Et puis les rafales de 75 français qui arrivent sur nous (oui c’est les 75 que les Boches ont pris dans le fort qui nous massacrent nous autres français). Les grosses marmites ça n’arrête pas une minute de taper au dessus et autour de nous. Il faut avoir du courage pour écrire dans un pareil moment.
Priez beaucoup ma lettre n’arrivera peut-être pas ou si elle part ce sera peut-être la dernière que vous aurez de moi. Ca n’arrête pas encore plus fort la nuit que le jour. Les soldats qui sont là depuis le début de la guerre disent qu’ils n’ont jamais vu un pareil enfer
Oh oui prie beaucoup mon cher Papa, tiens je pleure il y a une larme sur ma lettre, prie beaucoup chère Maman, Denise, Maurice, Victorine, Léonie.
Il n’y a que 20 jours à passer ici mais jamais plus je ne vous reverrai.
Hier soir un de mes camarades, mon meilleur ami a été blessé à côté de moi. Je n’ai rien eu et lui il a eu la jambe broyée. Combien de morts et de blessés déjà et il n’y a qu’un jour.
Ma Cie est en réserve dans un bois à 200 m des Boches. Ca bombarde jour et nuit. Du bois tous les arbres sont fauchés. Ce matin les Boches ont attaqué sans résultat. Ils se vengent en bombardant encore plus furieusement. C’est horrible.
Priez bien la Ste Vierge pour moi. D’un moment à l’autre je m’attends à être broyé ou déchiqueté. J’ai fait à Dieu le sacrifice de ma vie en lui promettant, si j’en échappais, d’être meilleur chrétien et plus fidèle.
La nuit on travaille à découvert sur la plaine pour creuser des tranchées.
Je n’en ai plus pour bien longtemps.
Adieu Papa nous nous reverrons là-bas, je vais aller rejoindre maman Emma
Adieu Maman Marie, Adieu Maurice. Au revoir Denise ma petite sœur. Victorine et Léonie adieu.
Priez tous, priez beaucoup

            A Dieu

Je vous embrasse une dernière fois

 Robert

Lettre prémonitoire... Robert JAISSON disparait dans l'enfer de Verdun le 17 avril 1916. Découvrez son histoire => ICI

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