TEMOIGNAGES DE BLESSES
On sait que le 19e de ligne est des régiments qui ont le plus donné. Il est composé en grande partie de Bretons qui maintiennent vaillamment la vieille réputation de notre race.
De nombreux blessés de ce régiment ont été mis en traitement à l’hôpital de Port-Louis (Morlaix) qui fonctionne sous la direction de MM. Les docteurs Kergrohen, Belamy et Bruhat. Un infirmier, M. Ollier, officier des équipages de la flotte est de Saint Pol de Léon.
Un morlaisien, blessé à la bataille de Sedan, Louis Hamon, nous écrit que les malades reçoivent à l’hôpital les soins les plus empressés. La lettre de notre correspondant est pleine d’un entrain de bon aloi. Nous en extrayons les passages suivants :
Plusieurs morlaisiens étaient à la bataille de Sedan, parmi lesquels j’ai vu Gustave Rolland, Poilleu, Guiomar, Guibot.
L’artillerie lourde allemande a une portée de 10 à 12 kilomètres ; mais notre artillerie, surtout le canon 75, sait la faire taire.
Le 26 aout, j’étais placé avec ma section dans une tranchée à 100 mètres en avant de la lisière d’un bois occupé par le 28e d’artillerie. 600 obus, nous a raconté le colonel, furent tirés sur le 28e. Les arbres du bois étaient décimés. En revanche, ce nombre énorme de projectiles réussit juste à blesser un cheval.
Un autre correspondant nous écrit :
Dans Sedan, les rues étaient jonchées de cadavres. Les allemands quittant la ville s’étaient sauvés vers la Meuse. Les ponts n’existant plus, les fuyards se jetèrent à l’eau. Il y en eut bientôt tant que les derniers passaient le fleuve à pied sec, en marchant sur leurs camarades.
Les allemands ont inventé un procédé spécial pour arrêter l’élan de nos troupes. Ils disposent devant leurs camps des ronces artificielles, qu’ils agrémentent d’hameçons, si bien que quand on veut franchir ces barrages, l’hameçon vous happe au passage, au détriment de votre pantalon ou de votre capote qui ne s’en porte pas mieux.
Notre correspondant termine en exprimant le désir de retourner au plus vite sur la ligne de combat.
Nous leur souhaitons de continuer à montrer le même courage et leur adressons ainsi qu’à leurs camarades nos meilleures félicitations et nos meilleurs vœux.
Source : Journal "L’Eclaireur du Finistère" paru le 12 septembre 1914
SEDAN
Le 24 août 1914, la 22ème division quitte Bouillon, passe a Corbion, Fleigneux pour se rendre à Sedan. Tandis que l'état major de la 44ème brigade et le 118ème R.I s'installent a Fresnois, le 19ème régiment d'infanterie cantonne dans un quartier de Sedan, Torcy.
La nouvelle mission du 11ème corps d'armée est d'interdire à l'ennemi les passages de la Meuse de Nouvion inclus a Remilly exclu.
Le 19e R.I s'organise défensivement a Torcy. Des barricades sont élevées, des tranchées sont creusées, l'accès des ponts est barré. Les hommes sont disséminés dans les tranchées, derrière les haies, les murs, dans les jardins, etc, et surveillent les rues, avenues et ponts. Des patrouilles sont envoyées en reconnaissance dans les rues.
Toute la journée du 25 août, les soldats du 19ème R.I vont repousser les nombreuses tentavives Allemandes de conquérir Torcy et les ponts pour franchir la Meuse.
Le 26 août, prévenu par des éclaireurs que les Allemands avaient passés la Meuse à Iges et risquaient de les prendre à revers, le 19ème R.I se replie a La Marfée ou il retrouve le reste de la 22ème division.
Pendant les journées des 27 et 28 août, la 22ème division livre de dur combats à Noyers, Chaumont, la ferme Saint Quentin, dans le bois de La Marfée.