22 février 2016

TEMOIGNAGE DE JEAN COTE

Vaux - Fort

« C’était à Verdun, dans le secteur du fort de Vaux. Il fallait que je monte au fort tous les soirs. Le sergent-major me dit : « Il y a là deux caporaux qui reviennent de permission, tu vas les ramener en ligne. » Je les emmène donc avec moi. Ah ! Malheureux ! En arrivant en face des batteries de l’Hôpital, juste en face du fort de Vaux, on a pris un bombardement terrible. Alors on n’y voyait que du feu. Il y a des fois où on dit qu’on ne voit que 36 chandelles, là, je ne voyais que du feu ! Les gars marchaient un de chaque côté de moi et moi au milieu. Je me suis jeté à terre. Quand je me suis relevé, qu’est-ce que je vois ? Un porte-monnaie par terre et une jambe un peu plus loin, c’est tout ce que j’ai vu. J’étais à peu près loin comme d’ici l’embranchement qui va d’ici au Désert. J’arrive au fort. Il y avait là Thébaut qui était un gars de Plémy. Je cherche un coin pour m’asseoir. Je les entendais bien causer mais je ne pouvais pas répondre. Ils se demandaient ce que j’avais. Les voilà tous autour de moi. Il paraît qu’au bout de 20 minutes, je suis revenu à moi. Alors je leur ai dit : « Voilà un porte-monnaie. » « Mais les gars qui étaient avec toi ? » « Mon vieux, il ne restait qu’une jambe d’eux, ils ont été complètement déchiquetés. » Sûr que ça m’avait commotionné… »
© Enregistrement oral, 1980, Fonds René Richard.
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Jean Cote, classe 1911, de Plémet (Côtes d'Armor), incorporé au 19ème R.I. de Brest est agent de liaison. Il y fait toute sa guerre sans jamais être blessé. Il a été enregistré, en 1980, par René Richard que je remercie de son autorisation de publication.


18 octobre 2015

SENTINELLE AU FORT DE VAUX

Fort de Vaux - Gazette des uniformes HS n°3Voici une photo d'un soldat du 19e régiment d'infanterie parue dans le hors série numéro 3 de la Gazette des Uniformes et la légende qui l'accompagne : " Sentinelle en faction au pied de l'escalier intérieur du fort de Vaux en novembre 1916".

22 janvier 2012

HAUDAINVILLE

Haudainville de nos joursLe canal à Haudainville - 2011

En novembre et décembre 1916, le 19e régiment d'infanterie occupe le secteur du fort de Vaux et du bois Fumin. Pendant ces deux mois, lorsqu'il n'est pas dans les tranchées de première ligne, le 19e RI va au repos à Haudainville, village tout proche de Verdun. Les hommes sont logés dans des péniches amarrées sur le canal latéral à la Meuse à 1500 mètres au sud-ouest du village.
" D'une façon générale, nous préférions ce cantonnement de marins au cantonnement d'Haudainville ou grouillait tout un peuple de trains de combat, de cuisines roulantes, d'équipages d'artillerie qui se mouvaient très difficilement dans une boue gluante et sans cesse pétrie. Les paillasses, ici, étaient moins habitées et la proximité de l'eau permettait de se nettoyer. "
                                                                  Joseph Cadiou - Les Cahiers du 19e RI

Haudainville PénichesPéniches à Haudainville - 1916

Non loin du canal, sur la route menant au village, se trouve la petite nécropole d'Haudainville.

Haudainville NécropoleNécropole militaire d'Haudainville

Deux officiers du 19e régiment d'infanterie y reposent, le capitaine Marius Lavie et le sous-lieutenant Emile Poisson, tous deux tués au combat le 2 novembre 1916.

Capitaine Marius Lavie                         Sous-lieutenant Emile Poisson

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08 octobre 2009

PERTES DU 19e RI VERDUN 31 octobre 1916 au 31 décembre 1916

Aujourd'hui, quelques chiffres.
Dans un document de la 22e division d'infanterie figure un état des pertes du 19e régiment d'infanterie dans le secteur de Vaux-Damloup pour la période du 31 octobre au 31 décembre 1916.

Du 31 octobre au 10 novembre 1916 :

  • Blessés :  217
  • Malades :  51
  • Tués :      82
  • Disparus :  47
  • Soit un total de 397 hommes.

Nota : Le 19e RI est en première ligne et a pour mission de porter les lignes françaises jusqu'au village de Vaux. Période d'intenses combats sous de terribles bombardements.

Du 10 au 20 novembre 1916 :

  • Blessés :    91
  • Malades : 153
  • Tués :       15
  • Disparus :    0
  • Soit un total de 259 hommes.

Nota : Le 19e RI est relevé le 9 novembre par le 118e RI et va au repos à Haudainville jusqu'au 17 novembre ou il remonte en ligne dans le secteur du bois Fumin.

Du 20 au 30 novembre 1916 :

  • Blessés :   46
  • Malades : 171
  • Tués :       14
  • Disparus :    1
  • Soit un total de 232 hommes.

Nota : En ligne depuis le 17 novembre, pas de combats mais des bombardements incessants.

Du 30 novembre au 10 décembre 1916 :

  • Blessés :   14
  • Malades :  97
  • Tués :        9
  • Disparus :   0
  • Soit un total de 120 hommes.

Nota : Le 19e régiment d'infanterie quitte les premières lignes le 27 novembre et va au repos à Haudainville. Il remonte au front le 5 décembre, toujours dans le secteur du bois Fumin, ou il relève le 116e RI.

Du 10 au 20 décembre 1916 :

  • Blessés :   15
  • Malades :   58
  • Tués :        5
  • Disparus :   0
  • Soit un total de 78 hommes.

Nota : Le régiment participe à une attaque sur Hardaumont le 15 décembre. Le 16, il est relevé par le 116e RI et retourne au repos.

Du 20 au 31 décembre 1916 :

  • Blessés :   0
  • Malades : 37
  • Tués :      0
  • Disparus : 0
  • Soit un total de 37 hommes.

Nota : Le 26 décembre, il remonte en ligne relever le 62e RI dans le secteur d'Eix-Moulainville.

Au cours de ces deux mois, le 19e régiment d'infanterie aura eu :

  • 383 hommes blessés
  • 567 hommes malades
  • 125 hommes tués
  • 48 Hommes disparus
  • Soit 1123 hommes.

1123 hommes en deux mois ! Les chiffres sont éloquent et démontrent bien toute l'horreur de cette guerre.

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03 juillet 2009

VAUX - 1er au 9 novembre 1916

Le 28 octobre 1916, le général Nivelle décide de reprendre l'attaque du fort de Vaux. Dès le lendemain, il commence la relève des divisions d'attaque et renforce le nouveau front.
La 44e Brigade (19e et 118e RI), sous le commandement du général De Lavillèon, est envoyée en renfort des troupes épuisées par plusieurs jours de lutte et est mise à la disposition du général Andlauer, commandant la 63e division d'infanterie.
Cantonné à Haudainville, sur des péniches amarrées sur le canal de la Meuse, le 19e régiment d'infanterie reçoit l'ordre de départ pour les premières lignes le 30 octobre. Il va relever le 305e régiment d'infanterie dans le sous-secteur du bois Fumin dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1916. Dès 3 heures du matin, le colonel De Chaunac De Lanzac (commandant le 19e RI), les commandants Lesdos (1er bataillon), Bosquet (2ème bataillon) et L'Helgoualc'h (3ème bataillon) quittent Haudainville pour reconnaître le secteur attribué au régiment ou ils arrivent au lever du jour. Après une visite du secteur, le colonel Duplat, commandant le 305e RI, leurs laissent les consignes. Le 19e RI quitte Haudainville après 16 heures pour rejoindre ses chefs au bois Fumin. Les compagnies se suivent à 1/4 heure d'intervalle. Itinéraire: Haudainville, Faubourg Pavé, Cabaret, Boyau et piste de l'étang. Les hommes sont lourdement chargés : en plus de l'équipement et des cartouchières, chaque homme porte un masque à gaz, une musette avec les biscuits et vivres de réserve, une autre musette avec les grenades, un bidon de 2 litres plein de vin, la couverture roulée dans la toile de tente, en bandoulière et l'outil au ceinturon. La marche se fait sous une pluie battante. La nuit est tombée lorsque le 19e RI arrive à la batterie de l'Hôpital ou l'attendent les guides du 305e RI. Le régiment repart, la marche est pénible tant le sol est bouleversé par les cratères d'obus, beaucoup d'hommes tombent dans la boue, d'autres s'égarent, les guides se trompent et le canon tonne...
La relève se termine le 1er novembre. Dans ce sous-secteur du bois Fumin, le 1er bataillon (commandant Lesdos) s'installe à droite, à gauche, le 2ème bataillon (commandant Bosquet) tandis que le 3ème bataillon (commandant L'Helgoualc'h) se positionne aux tranchées de Trébizonde et Curtenaz en réserve de division d'infanterie. Le 19e régiment d'infanterie est encadré à droite par le 118e régiment d'infanterie et à gauche par le 82e régiment d'infanterie.

Vaux__01_11_1916
Secteur du 19e RI le 1er novembre 1916

Du 28 octobre au 2 novembre a lieu la préparation par l'artillerie française de l'attaque du fort de Vaux. C'est un tir continu d'obus de 155 et de 220 sur le fort et ses environs. Et l'ennemi riposte, marmitage et pilonnage des lignes françaises à coups d'obus de 210. C'est un ouragan de feu, un vacarme épouvantable. Les hommes ne peuvent s'abriter car les tranchées de première ligne sont bouleversée par les bombardements. Ils se terrent dans les trous d'obus. Le ravitaillement en nourriture est impossible.

Témoignage du commandant Bosquet (Chef du 2ème bataillon du 19e RI) 1er novembre 1916
"La ligne ennemie se trouve à 100, 150 mètres devant nos lignes et à peu près parallèlement. L'ennemi, qui se préparait à sortir de ses tranchées vers 17 heures, a été obligé d'y rentrer à cause des tirs de nos 75 et de nos mitrailleuses. Une contre-attaque, qui avait été préparée pour rectifier notre front, n'a pu être déclenchée par suite d'un tir de 210 en avant de la crête et du feu des mitrailleuses ennemies. De 8 heures à 18 heures, le barrage est tellement intense et profond qu'aucun agent de liaison ne serait arrivé au P.C du colonel. Les liaisons optiques ne peuvent fonctionner à cause du nuage de fumée épaisse dégagée par les obus. Le téléphone a été mis en miettes tout de suite."

Pour cette journée du 1er novembre 1916, les pertes du 19e régiment d'infanterie sont:
- 1er bataillon : 21 tués et 50 blessés.
- 2 ème bataillon : 4 tués, 29 blessés et 4 disparus.
- 3ème bataillon : 4 tués, 2 blessés et 1 disparu.
Les bombardements des deux adversaires n'ont pas cessé de la nuit et continuent de plus belle toute la journée du 2.
Le 2 novembre, le 19e régiment d'infanterie reçoit l'ordre de porter ses lignes en avant et de réduire la hernie à la hauteur de la tranchée de Gotha. Il faut attendre la tombée de la nuit car tout mouvement de jour est impossible à cause des mitrailleuses ennemies. La mission est accomplie par la 6e compagnie qui, vers 18 heures 15, occupait l'abri 4296 qui gênait particulièrement toute progression, ainsi que l'ouvrage 4398.
Ce même 2 novembre 1916, vers 17 heures, était capté un message allemand qui disait que le fort de Vaux était évacué. Pour vérifier ce fait, l'état-major de la 63e DI décide d'envoyer deux reconnaissances de une compagnie chacune.
Une compagnie du 118e RI est envoyée en reconnaissance au fort de Vaux, accompagnée d'un groupe de soldats du 298e RI commandés par le lieutenant Diot. Ils trouveront le fort vide de ses occupants et, conformément aux ordres reçus, s'y installent pour la nuit.
Une compagnie du 19e RI est envoyée en reconnaissance aux abris 144 et 4595 qu'ils trouvent également abandonnés et suivant les ordres, s'y installent pour la nuit.
L'ordre d'opération de la
63e DI pour la journée du 3 novembre ordonne d'organiser une nouvelle position sur les pentes Est et Nord du fort de Vaux. Il faut porter la première ligne sur les retranchements 5190 et 5493, cote 307, 5395, 398 et 399, tranchée Glogau, cote 350 et 249, tranchée Serajevo, point 4696, boyau de Warnia, retranchement 4498, carrière W et abri 4299.

Vaux
Secteur Est et Nord du fort de Vaux

Pour sa part, la mission du 19e RI est la suivante :
Le bataillon de droite doit se porter sur 249, la tranchée de Sarejevo, le boyau de Warnia et le retranchement 4497.
Le bataillon de gauche se portera sur la carrière W et le ligne W ainsi que l'abri 4299.
Ce mouvement vers l'avant doit se faire en liaison avec le 82e RI.
Le 19e RI ne pourra atteindre ses objectifs que le soir du 4 novembre car le 82e RI qui couvre le flanc gauche du 19e RI est bloqué sur place par des tirs ennemis. Si le 19e RI avance trop vite, il découvre son flanc et risque de se faire prendre à revers.
Le 5 novembre, le 19e régiment d'infanterie porte ses premières lignes jusqu'à la tranchée Glogau, le boyau de Vaux jusqu'à la lisière Sud du village de Vaux et rétablit la liaison avec le 82e RI qui occupe le village.
Ces derniers jours ont été très dur. Au deuxième bataillon du 19e RI, on compte approximativement 40 à 50 tués et blessés par compagnies. Ces pertes sont essentiellement dues au bombardement intensif de l'ennemi.
En 5 jours, le 19e RI a progressé de 800 à 900 mètres au prix d'effroyables pertes. Les hommes sont épuisés, affamés et meurent de soif.
Rapport du lieutenant Cloastre de la 1ere compagnie :
"J'ai l'honneur de rendre compte de l'état d'épuisement dans lequel se trouvent mes hommes. Fatigués par le peu d'aliments, ils se trouvent actuellement dans des trous qui s'éboulent sans cesse et qu'ils doivent remonter continuellement pour ne pas être complétement recouverts. Avec cette impossibilité de prendre un sommeil de quelques heures, mes hommes sont à bout. Il serait urgent de les faire relever."
Le 6 novembre, le général De Lavillèon donne l'ordre suivant :
"Maintenant que nous avons atteint les objectifs qui nous étaient fixés, le meilleur moyen de diminuer nos pertes est de nous enterrer rapidement et profondément. Il semble que la meilleure façon d'obtenir un bon rendement soit de mettre les hommes à la tache par équipes, se relevant et assurant ainsi la continuité du travail de jour comme de nuit prescrite par le général en chef."
Mais, à cause des bombardements incessant, les travaux ne peuvent être exécutés le jour et les travaux faits la nuit sont aussitôt détruit dès que le jour reviens...
Le 7 novembre, le 2e bataillon du 19e RI est relevé par le 3e qui était resté en réserve de division. Les 7 et 8 novembre, les travaux de construction et d'organisation du secteur avancent mais très très lentement, toujours sous les bombardements incessants.
Le 9 novembre 1916, le 19e régiment d'infanterie est relevé par le 118e. Il descend à Haudainville et rejoint son ancien cantonnement des péniches sur le canal ou il passe 8 jours de repos avant de remonter en ligne dans le secteur du bois Fumin.

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